Le 2 Avril 2022 est le premier jour du mois de Ramadan. Cette année, le mois de Ramadan sacré sera encore plus spécial, car après deux ans de restrictions dues à la crise sanitaire mondiale privant les musulmans de fréquenter la prière Taraweeh, et en général les prières en groupe dans les mosquées, comme ont été privées toutes les autres confessions de prier en grand nombre dans les lieux de culte
La diaspora marocaine musulmane a soif ce Ramadan de reprendre les prières de Taraweeh dans les mosquées canadiennes après cette longue période d’interdiction.
Au même moment, une affaire survenue à l’approche de ce mois sacré, s’annonce chaude : le renvoi de l’imam et prédicateur de la mosquée Badr par les dirigeants de cette dernière.
Une histoire choquante et inhabituelle qui ne passera pas inaperçue au sein de la communauté musulmane, surtout que ce prédicateur exerçait cette fonction depuis presque deux décennies, et jouit d’une importante notoriété auprès de la communauté.
La Mosquée Badr est gérée par le centre islamique Badr, qui est présidé par Yacine Ben Hadj.
A peine viré de son poste, le prédicateur a créé une chaîne YouTube, sur lesquelles il a publiée deux premières vidéos dédiées à expliquer les raisons de son renvoi qu’il qualifie d’abusif.
Les faits, d’après le prédicateur, se seraient déroulés durant une Khutbaa Jamo’a (prière collective le jour du vendredi), durant laquelle il a évoqué le sujet de la politisation de l’islam dans les mosquées. Sujet important qui suscite tant de débats au sein de la communauté.
En effet, certaines mosquées sont utilisées de plus en plus par leurs dirigeants pour organiser des assises à l’enceinte des mosquées afin de faire, ce que le prédicateur qualifie de la “propagande ou programme d’élection”, avec la participation des élus canadiens parfois musulmans mais souvent non-musulmans aussi.
Le prédicateur dans cette Khutba de Jamo’a a dénoncé cette pratique, jugée par lui comme étant devenu désormais, un rite dans les mosquées canadiennes. Or, cette pratique est aux antipodes des coutumes et de la déontologie des mosquées en islam.
Suite à son discours, le prédicateur a été renvoyé immédiatement après par les dirigeants de la Mosquée Badr.
D’innombrables avis de la communauté se sont insurgées au sujet du traitement réservé au prédicateur et à son renvoi. En effet, les avis concordent contre son limogeage, et une vague d’indignation et de solidarité avec lui s’est faite sentir. Beaucoup ont déclaré avoir compris que des membres de la communauté musulmane fondaient des centres islamiques et des mosquées, mais que ces centres s’adonnaient à ces pratiques politiques à des buts sans lien avec l’Islam.
Des échos font savoir que l’Association Musulmane de Montréal Nord en la personne de son dirigeant a pu décrocher une licence pour transformer l’ancienne mosquée en garderie, et ce grâce à l’organisation des assises précitées à l’enceinte de la mosquée au profit des élus politiques, et que l’un d’eux, une fois en poste, l’avait remercié en lui octroyant la licence en question.
Nos questions adressées aux membres de la communauté font ressortir des avis divers : certains n’y voient pas d’inconvénients, d’autres déclarent leur mécontentement clair face à ce qu’ils appellent une « hérésie » et déclarent que la mosquée devrait être interdite d’accès aux non musulmans notamment à cause du non-respect de l’obligation des ablutions par les non musulmans.
La majorité des interrogés n’apprécient pas la démarche et considère cette pratique non-conforme à la déontologie islamique des lieux de culte, d’autres déclarent se voient exploités sans avoir donné leur accord, vu qu’ils se rendent à la mosquée pour satisfaire un besoin religieux et spirituel, et non pas pour être mis à disposition des élus politique par le biais d’influenceurs, religieux cette fois.
Comme ce qui se passe sur les réseaux sociaux, les influenceurs tentant toujours d’absorber et d’attirer un maximum d’internautes pour les suivre, ensuite vient l’étape d’exploiter ces suiveurs pour faire la publicité de sociétés et d’enseignes qui ciblent ce public comme consommateurs.
Ce pan du public a cité spontanément cette similitude et ont déclaré que s’ils souhaitaient rencontrer des politiciens, ils savent ou les trouver lors de leur campagne politique et même en dehors de ces périodes de campagne, le long de l’année.
Le prédicateur annonce de nouvelles vidéos à venir sur sa chaine Youtube, sans annoncer avec précision les sujets qui seront abordés. Mais force est de constater, en regardant les deux premières vidéos en ligne, que la discorde a germé entre lui et les dirigeants de la mosquée Badr et qu’elle ne semble pas vouloir s’éteindre de sitôt.