Abdelmejid, un père de deux enfants de 45 ans immigré au Québec depuis plus de deux décennies, a fait sensation sur les réseaux sociaux au Maroc grâce à sa page Facebook “Lfercha”, qui signifie en arabe “La dénonciation scandaleuse”. Depuis sa création en août 2017, il a publié des articles de presse jaune critique et accusatrice à l’égard de célébrités, journalistes, politiques et hommes d’affaires. Sa page a attiré l’attention pour son style captivant et a suscité l’enthousiasme des internautes marocains.
En 2018, Abdelmejid a participé activement à une campagne de boycott contre des entreprises marocaines telles que Afriquia et Danone, qui a connu un grand succès sur les réseaux sociaux. La même année, il s’est engagé dans des campagnes contre la loi 20-20, appelée “la loi bavette” par les internautes marocains, qui réglemente l’utilisation des réseaux sociaux.
Depuis le Québec, sa participation à ces campagnes a renforcé sa crédibilité sur les réseaux sociaux et augmenté son nombre de followers à plus de 500 000.
Selon nos analyses, cette page a publié plus de 2 117 articles et obtenu plus de 17 883 927 engagements, suivie par 1 034 356 personnes. Ce nombre est plutôt moyen par rapport aux autres médias marocains présents sur les mêmes réseaux sociaux. En octobre 2022, une déclaration sur le chef du gouvernement a reçu 101 800 likes, 154 000 engagements et 36 800 partages. Une autre publication en janvier 2023 a enregistré plus de 10 600 commentaires.
En janvier 2020, Abdelmejid est parti au Maroc avec sa famille, mais a été bloqué là-bas en raison de la pandémie COVID-19, a perdu son emploi et a été confiné au Maroc pendant plusieurs mois. Finalement, il est retourné à la municipalité Saint-Apollinaire au Québec en passant par Londres et Toronto. Cette situation l’a mis en colère et l’a incité à accuser directement le gouvernement canadien à travers les médias électroniques marocains et canadiens.
Quelques semaines après son retour au Canada, son Facebook et son Instagram ont connu un virage notable. Avec sa large communauté d’abonnés, il a commencé à accuser publiquement des personnes courantes, à les diffamer, à menacer leurs proches et leur famille. Ce comportement déplacé a conduit à de nombreuses poursuites pénales à son encontre au Maroc.
Des témoins ont confirmé que Abdelmejid a été acheté en échange de rémunération et est devenu un outil pour ceux qui paient. Il s’est impliqué dans des conflits entre politiciens et candidats au Maroc et dans des opérations visant à tromper l’opinion publique.
Le parcours d’Abdelmejid pose la question cruciale : est-il un lanceur d’alerte ou un escroc ? Est-il un défenseur des droits ou un manipulateur qui profite de sa popularité sur les réseaux sociaux pour obtenir un avantage personnel ?
Abdelmejid a été convoqué devant un juge au Maroc pour répondre à des accusations d’extorsion de la part de plusieurs victimes. Ce scandale a pris de l’ampleur ces dernières semaines lorsque des preuves ont été publiées en ligne montrant des échanges entre Abdelmejid et un journaliste dans lesquels il avoue avoir reçu 13 000 dollars d’une de ses victimes.
Abdelmejid a fait l’objet de plusieurs plaintes criminelles au Maroc, notamment de la part d’un homme d’affaires marocain. La publication de la mise en demeure adressée à son domicile a finalement confirmé son identité et sa responsabilité dans les accusations.
Mais Abdelmejid n’a pas ciblé que des politiques, il a également pris pour cible des citoyens ordinaires, comme Iqbal. Cette jeune femme courageuse a riposté en révélant presque tout sur Abdelmejid, y compris des informations personnelles. Iqbal et sa mère ont poursuivi Abdelmejid en justice, et un mandat de recherche a été lancé à son encontre. Iqbal, qui a passé du temps au Québec, a déposé des plaintes auprès de plusieurs ministères, de la Gendarmerie royale du Canada et de la police du Québec.
Dans une publication documentée publiée sur la page Facebook “Lfarcha” par Abdelmejid, il a été annoncé que le milliardaire Houcine BICHA et son fils ont été convoqués par un juge le 24 juillet 2022 à 9 heures du matin dans le cadre d’une enquête sur le blanchiment d’argent, dans l’objectif de discréditer l’image de l’homme d’affaires et de confirmer les accusations de Laila, une cliente de Abdelmejid, selon plusieurs témoins.
Cependant, il a été déterminé que cette information est erronée. La convocation concerne simplement un témoignage dans une autre affaire. La mère de Laila a été reconnue coupable de plusieurs délits en collaboration avec son notaire et a été condamnée à 10 ans de prison.
Abdelmejid pensait que ses actions depuis une autre juridiction lui conféraient une protection, mais plusieurs avocats spécialisés et cliniques juridiques ont confirmé que des poursuites judiciaires sont possibles car des actes criminels et des fautes civiles ont été commis au Québec. Les preuves d’extorsion sont complexes et plusieurs mandats de recherche ont été lancés contre Abdelmejid Tounarti et ses complices par plusieurs brigades de police marocaines.
Nous avons eu l’opportunité de discuter avec Abdelmejid pour connaître sa réaction face à ces accusations. Cependant, sa réponse n’était pas ce que nous attendions. Au lieu de commenter les allégations, Abdelmejid nous a menacés en brandissant des documents falsifiés prétendument fabriqués par des individus pour lesquels son origine et son fondateur poursuivent une action en justice devant la Cour supérieure du Québec sous les numéros 500-17-117509-219 et 500-17-117140-213.
Cet événement soulève de nombreuses questions et laisse entrevoir une histoire potentiellement captivante sous-jacente. Nous allons suivre de près l’évolution de cette affaire et vous tiendrons informés de tout développement.
Notre enquête approfondie a mis en lumière des faits troublants et a soulevé des préoccupations quant à l’utilisation de la plateforme Facebook en tant qu’outil de diffamation et de harcèlement. Le cas d’Abdelmejid Tounarti est un rappel poignant de la nécessité de maintenir un discours responsable sur les réseaux sociaux et d’être conscients des conséquences potentielles de nos actions en ligne.
Sources :
-Les plaintes déposées par 9 victimes au Maroc, ainsi que les preuves (publications sur la page “Lfercha”).
-Témoignages de cinq victimes accompagnés de leurs preuves.
-9 articles publiés dans la presse marocaine de renom.
-La mise en demeure des victimes par l’UE.