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samedi, septembre 7, 2024
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« La fête marocaine », une dénomination à connotation communautaire, pour un évènement somme toute, bien commercial !

Madame la mairesse,

Dans votre arrondissement, seuls 2 900 Marocains résident. A l’opposé de l’autre côté de la rivière des prairies, où ce chiffre s’élève à 11 000.

Pour vous situer à ce sujet : Au Québec, d’après le recensement de 2016, nous serions plus de 104 000 marocains dans la province, sans compter les étudiants et les visiteurs temporaires, dont la majorité écrasante est située dans le grand Montréal.  Au Canada notre communauté totaliserait plus de 260 000 membres.

A Montréal-Nord qui est l’un des 19 arrondissements de l’île de Montréal, et qui compte 84 234 habitants, soit environ 4,9 % de la population de la ville de Montréal, nous sommes 2900 marocains, pas plus !

On peut donc en déduire que la population de marocains résidants sur votre arrondissement est loin d’être représentative de cette communauté nombreuse mais localisée ailleurs.

« La Fête Marocaine » qu’est-ce que c’est et qui l’organise ?

Une exposition commerciale prévue le 30 Juillet 2022 au parc Aimé-Léonard, dénommé par ses organisateurs « La fête marocaine », est plébiscité par ceux-ci à grand renforts de propagande sur les réseaux sociaux, en gonflant ridiculement les chiffres de l’achalandage prévu, pour soutenir que c’est « LA FETE » de la communauté marocaine au Canada entière.

Pourtant, l’organisateur derrière cet évènement est uniquement une seule association parmi 580 associations marocaines présentes au Canada, conjointement avec une société privée, qui gère l’aspect « commercial » de l’avènement, notamment à travers la location de stands et le sponsoring.


Les fausses notes du spectacle

Hormis l’aspect pécunier de vente d’espaces des stands, on souligne les prétentions farfelues de certains des organisateurs, le nom trompeur de l’événement et son timing indélicat. Tous des éléments qui donnent l’image fausse d’une fête communautaire massive, organisée par les représentants de cette communauté et mènent ainsi à monnayer les sentiments de patriotisme chez cette dernière et à fausser la donne chez les acteurs politiques qui observent de l’extérieur ce manège.

Sachant que les québécois originaires du Maroc sont représentés par leurs élus politiques et en aucun cas par une association ou par une entreprise, cette exposition n’est aucunement un évènement organisé par des représentants de la communauté marocaine.

Une fête de l’ascension du roi au trône contre la volonté du roi !

Au sujet du timing de l’évènement, qui est le 30 Juillet, le peuple marocain du monde entier célèbre l’anniversaire de l’intronisation et de l’allégeance officielle du roi Mohammed VI Ben al-Hassan, qui a été officiellement accédé au trône du royaume du Maroc le 30 juillet 1999. Cette célébration rappelle le lien indéfectible entre le peuple marocain dans le monde et son roi.

En souvenir de cette commémoration, se déroulent d’habitude plusieurs célébrations et activités royales, auxquelles le roi lui-même assiste, la plupart d’entre elles sont retransmises en direct à la télévision.

Cette année cependant, le Roi du Maroc à travers le Ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie, a annoncé qu’en égard à la poursuite des mesures préventives imposées par l’évolution de la situation sanitaire due à la pandémie de Covid-19, il a été décidé le report de toutes les activités, festivités et cérémonies prévues à l’occasion de la fête du trône.

Pourtant les organisateurs du spectacle ont maintenu l’organisation de l’évènement, envers et contre la volonté même du souverain au nom de qui cet évènement est organisé initialement. Ce qui fait plutôt sourciller.

Bien qu’ils s’en défendent aujourd’hui et avancent que l’événement n’a rien à voir avec la fête du Trône, les membres de la communauté marocaine interrogés à ce sujet n’en sont pas dupes car ils ont bien noté le changement du discours des concernés à ce sujet, et voient en le maintien des festivités malgré l’interdiction par le roi, un affront à sa majesté et une provocation envers une communauté entière.

20 milles spectateurs annoncés, vrai ou faux ?

Nul doute que le Parc Aimé-Léonard sera bondé le Samedi 30 Juillet, car il se trouve qu’il est bondé d’ordinaire les fins de semaine, notamment après avoir fait peau neuve récemment, avec des structures de jeux, une piste cyclable redessinée.

De plus, ce parc se trouve dans une zone à grande concentration en nombre d’habitants, qui est en moyenne de 7 623 habitants/km2.

La superficie en face de la scène du spectacle ne dépasse pas 2400 m2, comme le montre la carte d’illustration ci-dessus. Cette superficie ne pourra donc pas contenir plus de 1000 personnes, qui sont présentes d’emblée dans ce parc, pendant les week-ends d’été.

Le parc sera donc bondé, trop bondé même au risque de présenter des risques de sécurité pour les familles aux jeunes enfants se trouvant habituellement en grand nombre sur les lieux, et pour les adultes aussi sachant que le spectre d’une nouvelle vague de COVID est toujours présent.

Certes la police sera présente pour encadrer l’événement, comme tout événement pouvant présenter un risque de débordement, mais la question se pose là encore sur l’utilisation des ressources policières de l’État au service d’un événement commercial qui se prévaut d’être communautaire.

Pour clôturer mon message Madame la mairesse, je vous invite à étudier dans le futur, avec plus de précautions, les propositions d’évènements similaires avant de les approuver ou les soutenir, et à ne pas répéter les mêmes erreurs commises par votre ex-chef qui ont mené en grande partie à sa défaite aux urnes.

Vive la diversité culturelle et communautaire mais au bénéfice de toute la communauté et au bénéfice de la Ville et de la province.

Dr. El Amine SERHANIhttp://www.origines-hebdo.ca
El Amine SERHANI, est journaliste, membre de l’Association Canadienne des Journalistes depuis le 16 novembre 2020 sous le numéro de membre : 57044868. Au-delà de sa formation universitaire, il a suivi une formation dans le journalisme au centre CNFDI - Groupe JPL, Etablissement privé déclaré auprès du Ministère de l'Education nationale en France et membre de la Fédération Européenne Des Ecoles (FEDE) et ce depuis le 19 octobre 2020 ainsi qu’à HEC en marketing digital. L'expérience du journaliste et grand reporter de El Amine, a commencé dans le cadre du journal des étudiants à l’âge de 19 ans à l’Université Mohamed V, l’Université Hassan II et l’école française des affaires au Maroc ainsi que dans l’hebdomadaire « le Canard Libéré » entre 2008 et 2010. Il a continué depuis 2010 en rédigeant des centaines de rapports et papiers établis dans plus de 134 pays, parmi lesquels la rédaction et l’édition de 14 livres sur les thèmes suivants : Rituels et traditions marocaines, promotion territoriale, économie numérique, etc. Dr.SERHANI, finalise une grande étude sur la communauté marocaine établie au Québec, sur la base d’entretiens de plus d’une heure, menés avec plus de 1600 personnes de cette communauté. Depuis fin décembre 2018, Dr. SERHANI, a créé un média communautaire dédié à la diaspora marocaine établi au Canada en trois langues et sur plusieurs supports (Papier, web, mobile et les réseaux sociaux), appelé « Origines ». El Amine SERHANI, avait assuré pendant plusieurs années des missions comme consultant international auprès du Centre International du Commerce (une agence de l’ONU et l’OMC) et auprès des agences et programmes de l’union européenne. Depuis 2008, il est Président élu de la Fédération Nationale de l'Économie numérique Marocaine, et il aura collaboré avec une centaine d’instances diplomatiques marocaines dans plus de 87 pays dans les quatre coins du monde.
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