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Algérie : Un scrutin législatif sur fond de répression et de boycott

Les élections législatives, organisées ce samedi en Algérie, interviennent dans un contexte de répression croissante et de boycott d'une grande partie de la classe politique, alors que plus de 220 détenus d’opinion croupissent en prison.

Les élections législatives, organisées ce samedi en Algérie, interviennent dans un contexte de répression croissante et de boycott d’une grande partie de la classe politique, alors que plus de 220 détenus d’opinion croupissent en prison.

Après avoir enregistré un boycott majoritaire de l’élection présidentielle en 2019 et une abstention écrasante au référendum constitutionnel le 1er novembre 2020, ces législatives seront, selon plusieurs observateurs, “inévitablement un énième échec des rendez-vous électoraux vains”.

Le régime, qui s’est fixé depuis deux ans de redorer son blason à l’extérieur et surtout tenter de gagner la confiance du peuple a recueilli un constat accablant avec un objectif complètement manqué qui n’a cessé de répondre par une répression massive intolérable aux revendications légitimes d’un mouvement populaire pacifique, soulignent-ils.

D’après l’ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger, Madjid Benchikh, l’illégitimité du pouvoir politique en Algérie, installé par le Commandement militaire depuis 1962, n’a pas cessé de se détériorer.

Pour ce spécialiste, les élections en Algérie servent plus à ajuster les avantages des clientèles et les rapports de force au sein du système qu’à créer des institutions capables de répondre aux aspirations des citoyens.

Il a souligné que ces “élections n’ont jamais servi à poser et encore moins à contribuer à régler les problèmes des populations”, soutenant que comme chaque fois qu’ils veulent donner un vernis démocratique au “système politique autoritaire” qu’ils cherchent à conforter ou à sauvegarder, les dirigeants algériens appellent à des élections dont ils promettent, à longueur de discours, qu’elles seront “libres et honnêtes”.

Selon lui, le soulèvement du peuple algérien à partir de février 2019 a mis à nu ce système en montrant que derrière les discours et les Constitutions d’apparences démocratiques, il y a des institutions contrôlées par le pouvoir.

Alors que les dirigeants du système persistent dans le déni de la réalité et présentent même la répression et les arrestations arbitraires comme une défense des libertés et de la stabilité du pays, le peuple ne cesse de montrer qu’il sait ce que doivent être les élections libres et honnêtes, a-t-il commenté.

Dans ce système, intronisé en 1962 et consolidé depuis, le pouvoir est détenu et contrôlé par un Commandement militaire qui, “depuis 1963, a choisi, tous les chefs de l’Etat sans aucune exception et les a fait élire au premier tour de l’élection présidentielle”, détaille-t-il.

Il a ajouté que ce système affiche un multipartisme contrôlé, qui peut faire illusion et peut même permettre l’existence de quelques partis et associations dotés d’une relative autonomie qui, au milieu de nombreuses difficultés, dans des périmètres limités et définis, peuvent énoncer des critiques contre les gouvernants.

Pour sa part, le Front des Forces socialistes (FFS), qui boycotte cette échéance, les élections ne constituent pas la solution à la crise multidimensionnelle que vit le pays.

Dans ce sens, il a interpellé à nouveau le pouvoir pour “prendre les mesures permettant au peuple algérien le libre exercice de “son droit à l’autodétermination”.

Il cite le “respect des libertés fondamentales”, “l’accès équitable aux médias à tous les acteurs politiques et sociaux”, “l’ouverture d’un dialogue sans exclusive pour convenir d’un “programme politique, économique et social consensuel, avec un calendrier et un contrôle d’exécution, répondant aux revendications populaires”.

D’après le FFS, le plus vieux parti d’opposition en Algérie, “le discours officiel n’a cessé de diaboliser les partis politiques et l’action politique” et en “même temps les invite à adopter un agenda politique élaboré unilatéralement”.

Pour “Nidaa-22”, un collectif œuvrant à rassembler toutes les sensibilités du mouvement populaire en Algérie avec l’objectif d’aller vers une conférence nationale inclusive devant aboutir à une “transition démocratique souple et autonome”, l’organisation de ce scrutin “confirme la volonté unilatérale du régime de poursuivre un agenda politique autoritaire qui tourne le dos au peuple”.

Réunissant plusieurs acteurs politiques, d’universitaires et de militants, “Nidaa” 22 dénonce “le recours à la normalisation institutionnelle autoritaire qui fait perdre un temps précieux, au moment où les difficultés socioéconomiques, les finances des ménages et la crise politique s’aggrave dangereusement, menaçant la sécurité et l’avenir du pays”.

Au-delà du climat général délétère et de la répression que subit le mouvement populaire, la transparence du scrutin motive aussi la position de boycott adoptée par ce collectif.

Pour ce collectif, les Algériens rejettent ce scrutin car “les conditions élémentaires en matière de liberté d’action politique et d’expression, d’Etat de droit et d’indépendance du processus électoral sont inexistantes”.

Il affirmé que “de plus, la répression, le harcèlement judiciaire et policier, la torture, la propagande, la désinformation et l’absence de garantie de transparence rendent la tenue d’un scrutin électoral démocratique impossible”.

Et d’estimer que “le régime essuiera un troisième revers de suite”, lors des prochaines législatives, comme cela avait été le cas lors de la présidentielle du 12 décembre 2019, qui a porté Abdelmadjid Tebboune au sommet de l’Etat, et le référendum constitutionnel du 1er novembre 2020, largement boycotté par les Algériens.

Pour rappel, le Rassemblement pour la culture et la démocratie, le Parti des travailleurs et l’Union pour le changement et le progrès ont été les premiers à annoncer le boycott du scrutin législatif du 12 juin prochain, rejeté également par le hirak, ce mouvement de protestation qui a chassé le président Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 de règne sans partage.

Dr. El Amine SERHANIhttp://www.origines-hebdo.ca
El Amine SERHANI, est journaliste, membre de l’Association Canadienne des Journalistes depuis le 16 novembre 2020 sous le numéro de membre : 57044868. Au-delà de sa formation universitaire, il a suivi une formation dans le journalisme au centre CNFDI - Groupe JPL, Etablissement privé déclaré auprès du Ministère de l'Education nationale en France et membre de la Fédération Européenne Des Ecoles (FEDE) et ce depuis le 19 octobre 2020 ainsi qu’à HEC en marketing digital. L'expérience du journaliste et grand reporter de El Amine, a commencé dans le cadre du journal des étudiants à l’âge de 19 ans à l’Université Mohamed V, l’Université Hassan II et l’école française des affaires au Maroc ainsi que dans l’hebdomadaire « le Canard Libéré » entre 2008 et 2010. Il a continué depuis 2010 en rédigeant des centaines de rapports et papiers établis dans plus de 134 pays, parmi lesquels la rédaction et l’édition de 14 livres sur les thèmes suivants : Rituels et traditions marocaines, promotion territoriale, économie numérique, etc. Dr.SERHANI, finalise une grande étude sur la communauté marocaine établie au Québec, sur la base d’entretiens de plus d’une heure, menés avec plus de 1600 personnes de cette communauté. Depuis fin décembre 2018, Dr. SERHANI, a créé un média communautaire dédié à la diaspora marocaine établi au Canada en trois langues et sur plusieurs supports (Papier, web, mobile et les réseaux sociaux), appelé « Origines ». El Amine SERHANI, avait assuré pendant plusieurs années des missions comme consultant international auprès du Centre International du Commerce (une agence de l’ONU et l’OMC) et auprès des agences et programmes de l’union européenne. Depuis 2008, il est Président élu de la Fédération Nationale de l'Économie numérique Marocaine, et il aura collaboré avec une centaine d’instances diplomatiques marocaines dans plus de 87 pays dans les quatre coins du monde.
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